Recette Traditionnelle du Far Breton

Recette Traditionnelle du Far Breton

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Rédigé par Fanny

24 octobre 2025

Il est des desserts qui racontent une histoire, celle d’un terroir façonné par les vents et les marées. Le far breton est de ceux-là. Loin des créations pâtissières sophistiquées, il incarne la générosité et la simplicité d’une cuisine familiale, authentique et réconfortante. Imaginez une texture unique, à mi-chemin entre le flan dense et le clafoutis moelleux, une pâte riche en œufs et en lait, simplement parfumée à la vanille et au rhum, où se nichent de tendres pruneaux gorgés de saveur. Ce gâteau, qui embaumait autrefois les cuisines des grands-mères le dimanche, est une véritable invitation au voyage au cœur de la Bretagne. Sa préparation, d’une facilité déconcertante, ne requiert qu’un peu de soin et des ingrédients de qualité pour vous offrir une part de bonheur brut. Enfilez votre tablier, je vous guide pas à pas pour réaliser un far breton traditionnel, celui dont le souvenir vous transportera instantanément sur les côtes armoricaines.

15 minutes

45 minutes

facile

Ingrédients

personnes +

Ustensiles

Préparation

Étape 1

Préchauffez votre four à 180°C (thermostat 6). Cette étape est primordiale pour garantir une cuisson homogène. Pendant que le four monte en température, occupons-nous des pruneaux. Pour qu’ils soient bien tendres et parfumés, faites-les macérer dans un bol avec les deux cuillères à soupe de rhum ambré. Si vous préférez une version sans alcool, un thé noir bien chaud fera parfaitement l’affaire pour les réhydrater et les faire gonfler.

Étape 2

Faites fondre 25 grammes de beurre demi-sel dans une petite casserole à feu très doux. Laissez-le cuire jusqu’à ce qu’il crépite et dégage une délicieuse odeur de noisette grillée. On appelle cela un beurre noisette. Il apportera une profondeur de goût incomparable à votre far. Réservez-le hors du feu. Pendant ce temps, faites tiédir le lait dans une autre casserole. Attention, il ne doit pas bouillir, juste être tiède pour faciliter son incorporation à la pâte.

Étape 3

Dans un grand saladier, que les pâtissiers appellent un cul-de-poule, versez la farine, le sucre en poudre, le sucre vanillé et la pincée de sel. Mélangez bien ces ingrédients secs à l’aide d’un fouet. Ensuite, formez un puits au centre, comme un petit cratère. Cette astuce de grand-mère permet d’incorporer les liquides de manière progressive et d’éviter la formation de redoutables grumeaux.

Étape 4

Cassez les œufs un par un au centre du puits. Commencez à fouetter doucement, en partant du centre et en ramenant petit à petit la farine des bords vers l’intérieur. Continuez de mélanger avec énergie jusqu’à l’obtention d’une pâte épaisse, lisse et parfaitement homogène. C’est le secret d’une texture réussie.

Étape 5

À présent, versez le lait tiède en un très fin filet sur la pâte, sans jamais cesser de fouetter. Allez-y doucement, cette étape demande un peu de patience mais elle est cruciale pour garantir une pâte fluide et sans grumeaux. Une fois tout le lait incorporé, votre pâte doit avoir la consistance d’une pâte à crêpes légèrement épaisse.

Étape 6

Pour finir, ajoutez le beurre noisette que vous aviez réservé ainsi que le rhum qui a servi à macérer les pruneaux. Mélangez une dernière fois pour bien intégrer ces éléments. Votre appareil à far est maintenant prêt. L’appareil est le terme culinaire qui désigne le mélange de tous les ingrédients avant sa cuisson.

Étape 7

Prenez votre plat à gratin en céramique. Avec les 25 grammes de beurre demi-sel restants, beurrez très généreusement le fond et les parois du plat. Saupoudrez ensuite une cuillère à soupe de sucre en poudre et faites tourner le plat pour que le sucre adhère bien partout sur le beurre. Cette chemise de beurre et de sucre va caraméliser à la cuisson et former une croûte divine.

Étape 8

Répartissez les pruneaux égouttés de façon harmonieuse dans le fond du plat beurré et sucré. Versez ensuite délicatement la pâte par-dessus les pruneaux.

Étape 9

Enfournez votre plat sur une grille à mi-hauteur pour environ 45 à 50 minutes. Surveillez la cuisson : le far doit être joliment doré sur le dessus et ferme au toucher. Pour vérifier la cuisson à cœur, plantez la lame d’un couteau au centre, elle doit ressortir propre et sèche. Ne vous inquiétez pas s’il gonfle beaucoup dans le four, il retombera légèrement en refroidissant, c’est tout à fait normal.

Étape 10

Une fois cuit, sortez le far du four et laissez-le tiédir à température ambiante dans son plat. La patience est une vertu en cuisine : il est encore meilleur lorsqu’il a eu le temps de reposer quelques heures, ce qui permet à tous les arômes de se développer pleinement.

Fanny

Mon astuce de chef

Pour un far breton à la texture absolument parfaite, laissez reposer votre pâte au réfrigérateur pendant au moins une heure, voire deux, avant de la verser dans le plat et de l’enfourner. Ce temps de repos permet à l’amidon de la farine de gonfler et de s’hydrater complètement, ce qui donnera un résultat final beaucoup plus fin en bouche et une meilleure cohésion à la cuisson. C’est le même secret que pour des crêpes inratables.

Quel breuvage pour accompagner ce dessert breton ?

Pour rester dans l’esprit du terroir, l’accord parfait est sans conteste un cidre brut de Bretagne. Ses fines bulles et sa légère acidité apporteront de la fraîcheur et trancheront agréablement avec la texture dense et sucrée du far. Servez-le bien frais dans des bolées traditionnelles en céramique. Pour une option plus douce et liquoreuse, un petit verre de chouchen, l’hydromel breton, sera également un compagnon de choix. Enfin, pour une dégustation sans alcool, un thé noir aux notes rondes ou un café léger s’accorderont parfaitement avec les arômes de vanille et de rhum du dessert.

Le far breton, une histoire de tradition

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le far breton n’a pas toujours été ce dessert gourmand que nous connaissons. À l’origine, le mot « far » désignait une bouillie de blé ou de sarrasin. Il s’agissait d’un plat salé, une sorte de pain cuit dans un sac de toile plongé dans le bouillon du kig ha farz, le pot-au-feu breton. Ce n’est qu’au XIXe siècle que la recette évolue vers une version sucrée, cuite au four (« farz forn »), enrichie d’œufs et de lait. L’ajout des pruneaux est également plus tardif. La Bretagne étant une terre de marins, les pruneaux, fruits secs qui se conservaient longtemps, étaient ramenés des voyages et ont peu à peu trouvé leur place dans la recette, au point d’en devenir aujourd’hui un ingrédient quasi indissociable, même si le débat entre le far « avec » ou « sans » pruneaux anime encore les familles bretonnes.

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Fanny

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